Suite à la mort accidentelle et accidentellement ridicule de son père, Benny et sa mère tente tant bien que mal d’avancer, développant tous deux des traumas qui viennent enrayer leur quotidien, les enchaînant bien malgré eux à cette mort.
Dans leur deuil qui n’en fini pas, Annabelle, la mère de Benny accumule objets sur objets sur objets, ces mêmes objets qui se mettent à parler à Benny : râlant, protestant, pestant, lui imposant leur volonté, dans un vacarme insupportable et permanent.
Entre la maison, le lycée, la rue et l’hôpital psychiatrique, un seul endroit semble pouvoir devenir un véritable refuge pour Benny : la bibliothèque municipale, où tous les bruits et les voix semblent se feutrer.
Déjà, c’est un véritable plaisir que de retrouver l’écriture de Ruth Ozeki, dont j’avais beaucoup aimé le précédent livre, “En même temps, toute la terre et tout le ciel”, dans lequel, suite au tsunami qui a frappé le Japon il y a quelques années, une jeune fille découvrait échoué sur la plage le journal intime d’une autre jeune fille.
Dans ce nouveau livre, c’est dans un univers un peu fou où Ruth Ozeki nous entraîne, dans un flou entre réalité et délire psychotique où les objets prennent vie et où c’est le livre que l’on tient entre les mains lui-même qui nous raconte l’histoire de Benny, de sa mère, et de toute la clique d’humains plus décalés les uns que les autres qui gravitent autour d’eux.
Un roman rafraîchissant, touchant et hypnotisant à l’écriture très originale et pleine d’humour.