"Nous partirons, c'est sur, nous allongerons notre foulée et l'ombre s'essoufflera à nous suivre."

"Aller d'une présence subtile à une autre présence subtile pour en extraire la nourriture solaire est un travail d'abeilles et de poètes. Ce monde détruit les deux."

"Mes mains sont ce lutrin fait pour accueillir les ailes battantes d'un livre."

"Je n'ai jamais rien su faire dans le monde que m'asseoir sur les marches d'un poèmes et mendier."

"La vie est un état poétique non déchiffré, un parchemin dont notre cœur est l'émiettement, et la poudre de nos os, l'encre."*

* citations tirées de son dernier livre Le Muguet Rouge.

    J'ai rencontré Christian Bobin (du moins sa plume) lorsque j'avais 12 ou 13 ans. C'est un ami, passionné tout comme moi de poésie, qui m'a un jour mis entre les mains un livre au titre saugrenu : Autoportrait au radiateur.

Coup de foudre.

J'avais trouvé mon maître à penser. 

    C'est ainsi que Christian Bobin, le Poète des Petits Riens, est entré dans ma vie. il n'en est depuis jamais sorti. Et je sais que ses mots continueront à m'accompagner sur ma route. Car dans du Bobin, on y plonge, et on y replonge, toujours, avec délectation et émerveillement.

    Il est l'un des meilleurs remèdes que je connaisse à notre société du tout-tout-de-suite-tout-le-temps : il est le poète de l'Instant, celui qui nous fait entrevoir l'imperceptible dans le commun, le merveilleux dans l'ignoré, le rayon de lumière pure qui vient frapper le brin d'herbe perdu au milieu d'un champ de bitume.

    Il est celui qui ouvre nos yeux et nos cœurs d'enfants.



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